Soyons clair, pour moi la frime, le "ceci est en fait" et les petits griffonnages me sont pénibles.
Idem pour les trop belles reproductions lorsque le joueur laisse planer le doute (jusqu'à généralement
se faire casser en beauté). L'emploi de proxies me semble nécessaire, et je milite en faveur de photocopies
N&B suffisamment nettes pour pouvoir lire le texte et reconnaître facilement la carte sur la table. Ce ne
sont pas les sources d'images qui manquent !!!
C'est toutefois pour ce type de joueur un peu "gonflant" que j'ai développé un jeu casse-terrains très pénible presque
"full proxies", même si je possède ces cartes bien au chaud dans la collection. Il y a peu,
j'ai eu l'idée/l'envie de modifier ces proxies pour en faire des "pseudo-foils", puisque ces cartes n'existent pas en réalité.
"Pimper" un deck proxies, il fallait oser...
Voici comment j'ai procédé.
Décapage |
C'est probablement la partie la plus délicate.
Choix du solvant
Le solvant le plus employé semble être l'acétone, qui présente un certain nombre de défauts : il reste nécessaire de frotter
longuement, il a tendance à abîmer le dessous des cartes ainsi qu'à s'infiltrer sur les bords et à endommager la pellicule
métallique.
Sur les conseils avisés de i am superm, membre de Magic Trade, je me suis procuré du "dissolvant doux
pour vernis à ongle", de marque Auchan. Effectivement, une jolie bouteille violette... Ça sent (beurk) et
c'est un peu gras tout en étant un décapant. Les solvants sont, d'après la composition et par ordre de probabilité l'acétate
d'éthyl, l'alcool benzilique, l'huile de ricin (solvant très léger), et éventuellement le limonène (mais j'en doute un peu). |
Gros intérêt de ce dissolvant, il n'attaque absolument pas les bordures de la carte, ni la fine pellicule métallique, contrairement
à l'acétone (voir photo ci-dessous : à gauche avec le dissolvant, à droite avec acétone).
Le dissolvant m'a d'ailleurs donné l'idée d'employer pour frotter un coton à démaquiller plutôt que l'essuie-tout initialement
utilisé, et c'est bien mieux (penser à le renouveller régulièrement).
D'autres solvants ont parfois été suggérés : pour le moment, j'ai également testé sans aucun succès l'essence
de térébenthine, l'alcool à brûler et le white-spirit... |
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Choix de la foil à décaper
Les encres employées par Wizard ont manifestement évolué au fil du temps, si bien que le solvant à employer dépend de l'édition
concernée.Les résultats sont extrêmement rapides et parfaits avec du dissolvant à vernis à ongle sur une "vieille" foil. C'est
parfait pour toutes les éditions sorties jusqu'au début 2001 (donc Planeshift et antérieures). C'est de plus en plus difficile
pour les deux autres édtions de 2001 (Apocalypse et Odyssée).
En revanche, à partir de 2002 (Tourment), le produit est presque sans effet : il faut recourir à l'acétone. En outre, j'ai comme
l'impression que la couche sous-jacente peut présenter des nuances différentes selon l'édition, cve qui entraîne des différences
entre des proxies réalisées à partir d'une même planche de film transparent. Mieux vaut donc de préférence partir de cartes
provenant de la même édition (même si j'ai rencontré un terrain Invasion, un Marais 341 exactement, qui se décape très mal).
Au passage, il est évident que plus le dessin est clair, donc l'encage moins épais, et plus cela est simple : mieux vaut une foil
à dessin pas trop sombre. Quelle que soit l'édition, le plus délicat à éliminer est le texte du nom de la carte, son type, le coût
d'invocation et le copyright du bas : il s'agit en effet d'un "blanc" épais, qui posera d'ailleurs quelques problèmes par la suite
(voir plus loin). Par conséquent, mieux vaut d'abord un terrain (ni coût ni P/T), puis un sort (pas de P/T) et enfin une créature.
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L'image ci-contre montre des cartes à différents stades de décapage (non achevé, même sur celle de l'extrême droite).
Remarquez que certaines cartes semblent présenter deux parties différentes (la troisième à partir de la gauche) ainsi qu'un
aspect plus bleuté que les autres. Cette image confirme (s'il en était besoin) que le plus "long" à décaper est, comme je l'avais
dit, certains textes ainsi que les parties les plus sombres des dessins. |  |
Je préfère désormais conserver autant que possible le bord noir, dont la présence tend à faciliter le positionnement ultérieur.
Vous pouvez rectifier les points blancs et les éventuelles irrégularités au feutre noir permanent : cela ne se voit pas une
fois recouvert du film transparent imprimé.
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Précautions à prendre :
- La couche métallique est très fragile : attention aux coups d'ongles, qui se verront par la suite. Pourtant, il faut frotter
assez fort (dissolvant) à très fort (acétone) pour éliminer l'ancien dessin.
- Au-dessus de la couche métallique se trouve une très fine couche plastique : attention de ne pas la décoller (pas de solvant
en excès sur les bords), car cela aussi se verrait.
- Pour ne pas endommager les bords, procéder de l'intérieur vers l'extérieur
- Attention au dessous de la carte : mieux vaut mettre une couche d'essuie-tout sous la carte, pour
récupérer le solvant qui déborde éventuellement (enfin, presque obligatoirement), et éviter d'enlever également l'encre du
dessous. Changer l'essuie-tout du dessous s'il est imbibé !
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Préparation de l'image à imprimer |
Les images proposées sur le Net possèdent souvent une résolution trop faible pour donner de bons résultats :
mieux vaut opérer lorsque cela est possible à partir de scans des cartes originelles, avec une résolution minimale
de 300 dpi (600, c'est mieux ! En pratique, vous devez vous rapprocher de la résolution maximale de votre imprimante.
Et 600 dpi est la norme habituelle. C'est grand : sachant qu'une carte mesure 6,25 x 8,8 mm, soit 2,5' x 3,52', scannée avec
une résolution de 600 dpi (dot per inch = point par pouce) elle possèdera une taille de 1500 x 2112 pixels (et probablement
un poil plus si la carte n'est pas parfaitement droite ou s'il y a un peu de bords), soit presque 3,2 millions de pixels et un
"poids" d'environ 900 Ko.
Je consolide mes images individuelles pour obtenir une planche de 9 cartes (3 x3), soit une dimension approximativement
A4 (une feuille de classeur). Remarquez qu'avec les espaces on monte à plus de 4800 x 6700 pixels et plus de 9,5 Mo ! |
Vient ensuite un peu de travail (indispensable !) de retouche numérique (PaintShop Pro, the Gimp ou Photoshop) :
augmentation de la saturation des couleurs, ajout de la "jolie" petite étoile (ce qui oblige à retravailler légèrement
le copyright) et application d'un beau noir profond pour les bords, qui ressortent généralement grisâtres suite au scan.
Et, bien sûr, retouche des éventuelles imperfections des cartes. |
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L'impression sur feuille transparente autocollante |
J'ai trouvé des pochettes de feuilles transparentes auto-adhésives A4 (environ 6 € les 5 chez Pearl.fr ou 10 €
par 8 avec le produit MicroApplication disponible entre autre à la Fnac).
Attention toutefois : les feuilles doivent être parfaitement transparentes, et non simplement translucides. Vérifiez bien
avant d'acheter, je me suis fait avoir par un produit de marque Decadry (acheté 23 € pour 15 feuilles, mais rendu et remboursé !)
chez HyperBureau.
Si les couleurs ont été correctement ajustées, le réglage d'impression "Transparent" est parfait. Attention à la taille des
cartes : mieux vaut effectuer une première impression brouillon en noir et blanc pour l'ajuster. L idéal est d'obtenir des
cartes d'une taille supérieure d'1 à 2 mm aux "vraies" cartes, de façon à pouvoir corriger une éventuelle erreur de positionnement
par la suite.
Pour vous éviter trop de tatonnements, un peu de mathématiques sont encore nécessaires. Nous ne raisonnons que sur la largeur,
la hauteur en découlant automatiquement.
Par définition, les logiciels de dessin et les imprimantes placent généralement une marge, de dimension connue (et minimale).
Calculez d'abord la résolution optimale en divisant la largeur en pixel de votre image par la résolution de scan : pour moi,
4800 / 600 = 8' = 20 cm.
Sachant que j'imprime (en principe) sur une page A4 de 21 cm de large, je peux accepter une marge de 0,5 cm de chaque coté.
Et comme je veux que les cartes imprimées soient légèrement plus grandes, je baisse cette marge à 0,3 cm :
les 2 mm restant seront répartis sur les 3 cartes (et sur les espaces), soit environ 0,35 mm de chaque côté de chaque carte :
ce qui devrait être suffisant pour tenir compte des erreurs de positionnement.
| Le collage du film transparent |
C'est délicat, mais pas si compliqué. Procéder très lentement, en chassant aussi efficacement que possible les éventuelles
bulles d'air.
Si vous en oubliez, elles apparaîtront de façon horrible, comme sur l'Ancestral Recal de la photo ci-contre.
Ajustez ensuite les bords d'après le carton de la carte sous-jacente à l'aide de ciseaux ou d'un scalpel (attention aux doigts !). |
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Ensuite, frottez doucement mais fermement avec quelque chose de lisse (pour ne pas enlever l'encre du film transparent
et ne pas rayer la carte) et dur de façon à bien appliquer le film sur le support.
Sinon, vous verrez de légères et vilaines traces dans les reflets.
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Les résultats
Voici quelques exemples des derniers résultats obtenus. Les remarques et conseils qui précèdent ont pour
but de vous éviter de commettre les mêmes erreurs que moi, lors des premières tentatives. |
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L'aspect final, s'il n'est pas encore parfait (la pratique, toujours la pratique) devient à mes yeux
très satisfaisant.
Remarquez la différence entre le Mox emerald (le second essai, encore sans l'étoile) et les autres.
Un dernier problème se pose, pour lequel je n'ai pas trouvé de solution : le texte du nom de la carte, son type, le coût
d'invocation
et le copyright du bas sont noramelemnt blancs (ou sur fond blanc). Cela est obtenu sur les "vraies" foils par une peinture
blanche assez épaisse. Or sur nos transparents, le blanc est rendu par du... transparent ! De ce fait, ces divers éléments
apparaissent moins lisibles que sur une vrai carte : ils laissent apparaître
le fond métallique et sont donc soumis à l'effet foil, comme l'étoile, au lieu d'être d'un blanc uniforme sous tous les angles.
Je ne vois pas comment y remédier...
Remarquez que le prix de revient de la matière première est très raisonnable : à 0,5 € la foil de base, plus environ 0,2 € de
film par carte... ça reste de belles proxys pas trop onéreuses et bien pimp (mais longues à faire) !
Allez, quelques autres images pour la route... |
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Voilà, l'aventure est finie. Tout ce qui était faisable (c'est-à-dire des proxies inexistantes
dans la réalité) est fait. Pour continuer à pimper les autres cartes de mon deck casse-land anti-proxy,
je me suis tourné vers du FBB (Diabolic Tutor), des premium promos
(Foudre Judge Gift, Assassin Royal JSS, Hypno MPR et autres Moisissure rampante, Pillage, Chevaucheurs d'avalanche FNM et Arena).
Et les Fissures sont désormais Arabian. Eh oui, le PIMP c'est aussi ça : se casser la tête pour un deck joué deux fois l'an au maximum... Gratuitement beau, en gros... |